« Il nous faut innover ! Relancer la créativité », tel est le cheval de bataille des entreprises pour « rester compétitives ». Mais force est de constater que les entreprises historiques peinent à bâtir du neuf, à créer ces synergies en interne dont elles rêvent tant : des équipes transverses, cross-fonctionnelles, auto-organisées qui se mettent à monter des projets innovants sans que personne ne leur ait demandé quoi que ce soit.
Or l’innovation ne vient pas des processus*, mais de la capacité des salarié.e.s à penser en dehors du cadre et, plus difficile encore, à exécuter cette même idée dans un environnement hostile à l’inconnu… Mais alors, comment infuser du neuf ?
De manière opérationnelle, faire du neuf signifie notamment favoriser deux phases : l’inspiration et la création. Voici quelques exemples concrets.
#1. Inspiration : organiser des « Learning Expeditions » ou expéditions d’apprentissage
Quel est le pire ennemi des organisations contemporaines dans ce monde « ouvert », « agile », « disruptif » et tout le tralala ?
Le cloisonnement ! Et pour cause, comment créer du neuf si l’on a comme seul modèle d’inspiration le vieux et le poussiéreux que l’on veut changer ?
Or, vous avez peut-être remarqué que personne ne sait réellement ce qui se passe en dehors de leurs murs, chacun fantasme et raconte à la machine à café ce qu’il a entendu du fonctionnement des uns et des autres : « le petit frère du cousin de ma belle-mère travaille chez Google et il paraît que là-bas on innove en faisant la sieste ! ». Ben voyons.
Alors pour explorer de nouveaux possibles et (enfin) innover, les expéditions d’apprentissages sont indispensables ! Prendre du dehors pour inspirer dedans.
Dans les faits, il s’agit d’aller visiter une entreprise libérée* pour s’apercevoir que laisser des salariés s’auto-organiser ne mène pas au chaos ; ou encore d’assister à une conférence chez The Family pour prendre conscience qu’il ne faut pas plus de 48h pour créer un Produit Minimum Viable, l’innovation de rupture de demain !
48h pour monter sa startup https://www.youtube.com/watch?v=ieq4Ugzr8Uw&t=4s
Bref, vous l’aurez compris ces expéditions ont vocation à casser les préjugés de chacun sur ce qui est possible ou non. Et sortir de sa zone de confort.
Astuce : chez Rhapsodies Conseil nous avons construit un calendrier d’inspiration. Par exemple, dans le cadre de notre transformation d’organisation les membres du comité exécutif reçoivent des contenus inspirants sur les entreprises organiques : un jour un contenu qui parle des prises de décisions dans les entreprises libérées ou d’une autre manière d’engager les nouvelles générations.
#contenu inspirant pour changer les pratiques actuelles
*Entreprise dans laquelle chacun est susceptible de prendre toutes les décisions qu’il pense être bonne pour l’entreprise sans en avoir à référer à un supérieur hiérarchique.
#2. Création : organiser un product day
Lorsque j’ai débuté dans le monde professionnel dans une grande entreprise, j’ai eu le sentiment que pour créer quoi que ce soit tout était plus compliqué que dans la « vie réelle ». Par exemple pour ajouter deux fonctionnalités à l’application de ce mastodonte dont je tairai le nom, les étapes étaient les suivantes :
Remplir un dossier avec les spécifications, les risques, etc. ; durée : 2 mois
Envoyer son dossier au comité de pilotage qui se réunit 4 fois par an ; durée : 4 mois
Le projet est rétorqué parce qu’il manquait les notes de bas de page, durée : bien trop longue
Vous l’aurez compris, dans ces conditions ni les entreprises, ni les individus ne s’y retrouvent. Alors voilà comment nous nous y sommes pris pour créer le programme « devenir intrapreneur : de 0 à 1 » sous la forme d’un produit minimum viable lors de notre dernier product day :
Jour 1 :
Interviews pour recenser les attentes des entreprises et des individus #CarteEmpathie
Première curation de contenus (vidéos, article, etc.) sur le thème : « développer un état d’esprit de hacker »
Jour 2 :
Envoi des contenus sous forme d’un mailing à quelques cobayes + recueil des avis + amélioration du premier mailing
Seconde curation de contenus sur le thème : « création de valeur en cycle court » (c’est quoi un produit minimum viable, les étapes pour y arriver, etc.)
Jour 3 :
Envoi d’un second mailing sur la « création en cycle court » + recueil des avis + amélioration du second mailing
Curation de contenu sur le thème : « vendre son projet en interne » (pitcher un projet, fédérer des individus autour d’un projet, etc)
Envoi du troisième mailing sur le thème : « vendre son projet en interne » + recueil des avis + amélioration du troisième mailing
Jour 4 :
Présentation du programme de 40 jours : « devenir intrapreneur » dans son entreprise Il nous a donc fallu 4 jours pour fabriquer un produit minimum viable, c’est-à-dire un produit qui répond aux premiers besoins que l’on avait détecté pendant la phase d’interviews. Un investissement de temps et de moyen faible pour un impact maximum.
Pour aller plus loin !
Favoriser la créativité des individus et du collectif fait émerger des comportements et des pratiques durables liés à une culture d’entreprise où la prise d’initiative et de risque devient la norme. Car comme je l’évoquais en introduction, l’innovation et la créativité sont intrinsèquement liées à la capacité de l’organisation à bâtir un environnement et un état d’esprit favorables à ces prises risques. Et pour cela, la transparence et la confiance ne sont plus seulement des valeurs, mais au cœur de l’organisation et du pilotage de l’entreprise.
*sinon les grandes entreprises seraient championnes du monde de l’innovation ! 😉
Je vous partage ici deux outils de coaching très simples et relativement puissants découverts en mai dernier lors de la conférence « Heart of Agile » qui visent à accompagner la transformation agile des organisations.
Ces outils, qui se basent sur une méthode de questionnement et un principe de fonctionnement itératif, se révèlent être particulièrement efficaces pour analyser les problématiques de transformation d’organisation débouchant ainsi sur des actions concrètes d’amélioration.
Comme on se laisse facilement convaincre par les principes de l’approche, mais qu’elle peut se révéler assez difficile à transposer dans certains cas : il m’a semblé intéressant de vous partager ici des exemples d’applications.
Solution Focus, back to basics
D’habitude, on a tendance à raisonner en termes de problèmes à analyser et de brainstorming classique, Solution Focus constitue une approche alternative où on se concentre sur la solution plutôt que sur les problèmes.
Mais avant toute chose, « la Solution Focus », qu’est-ce que c’est ?
« Solution focus » autrement appelé – Thérapie brève orientée solutions fut créée au « brief family therapy center » de Milwaukee par Steve de Shazer dans les années 80.
La thérapie brève orientée solutions permet en effet de ne pas focaliser sur le problème mais à l’inverse de considérer la solution comme déjà là ; le problème comme étant déjà résolu.
Cette forme de thérapie systémique & stratégique dont la « projection dans un futur réalisable » est très impactante peut se fait grâce à des outils que nous allons mettre ici en lumière.
« Quel est ce besoin que nous avons d’aller toujours chercher ce qui ne va pas, au lieu de s’intéresser à ce qui fonctionne » ?
Steve de Shazer a cherché, au contraire, à « faire toujours plus de la même chose », mais cette fois, toujours plus de ce qui marche.
C’est ainsi qu’est née l’orientation solutions, une des approches les plus innovantes – et les plus simples – de ces dernières décennies.
Au préalable, après avoir « vérifié » que le client et/ou l’équipe souhaite(nt) véritablement résoudre une problématique grâce à l’embarquement, avancer vers un objectif orienté solution.
Explorons les outils
1er outil : la « question miracle » : Pendant la nuit un miracle s’est produit et votre problème a été résolu
L’idée est de construire un questionnement permettant d’amener une, voire plusieurs personnes à décrire de manière détaillée un futur désirable. C’est à travers cette description qu’on cherche à ce que la ou les personnes trouve(nt) ce qui peut contribuer à aller vers ce futur désirable.
Le travail de questionnement vers l’objectif peut se faire de 2 façons.
On se projette vers le futur, vers cette butée contextuelle qu’est la date de réalisation de l’objectif. Comme si on y était, on considère que l’objectif est atteint et on positionne le client dans cette perspective. Le questionnement du coach se conjugue au présent.
Exemple :
Votre problème est résolu, qu’est-ce qui a changé ? A quoi le voyez-vous ? Comment les autres le voient-ils ? Ce mode de questionnement permet de faire vivre et de faire ressentir la situation au présent et d’ancrer le client dans sa réalité, (ressources, solutions non conscientes, sens…)
Ou alors, de manière structurée par étapes successives et chronologiques, dans un mouvement de A (le présent) vers B (le futur). Le questionnement du coach se conjugue au futur.
Quand vous aurez atteint votre objectif, à quoi le verrez-vous ? Comment les autres le verront- ils ? Possibilité pour le client d’imaginer ce futur en le regardant comme un écran projeté devant lui.
Prenons un exemple concret appliqué à un cas de transformation (Continuous delivery)
Le Client : On n’arrive pas à passer en continous delivery…
Le Coach : Et si vous y arriviez, à quoi le verriez-vous ?
Le Client : On déploierait souvent, les mep se dérouleraient sans soucis, on arriverait à anticiper les dépendances entre nos équipes.
Le Coach : Et comment réagirais-tu ?
2ème outil : l’échelle : « sur une gradation de 1 à 10 », quelle note donnerais-tu ?
Prenons un exemple concret appliqué à un cas de transformation (Niveau d’agilité de l’organisation)
Ici, on applique le principe agile d’itérations courtes pour s’attaquer à un sujet complexe :
Le coach : Est-ce que tu pourrais donner une note de 1 à 10 sur le niveau d’agilité de ton organisation ?
Le client : disons 3
Le coach : qu’est-ce qui fait que tu es déjà à 3.
Cette question a pour but d’identifier les ressources sur lesquelles nous pouvons nous appuyer avant de passer à la prochaine étape.
Nous passons alors à l’étape des petits pas.
Etape permettant de passer d’une logique de sens à une logique d’actions ; Le coach va accompagner l’équipe sur des « petits pas » car il faut qu’il y ait un apprentissage nouveau et que cela se fasse naturellement. On va être dans une logique de cercle vertueux, la logique dit des objectifs atteignables, permettant d’arriver jusqu’à la note de 4 ! (Auto-organisation, …).
Le coach : tu me dis que ta note est de 3, qu’est-ce que tu verrais de différent si cette note était de 4.
En répondant à cette question, on identifie des propriétés que nous pourrions observer dans la situation si nous avions fait ce +1.
Une fois ces étapes effectuées, on va itérer sur quelques semaines ou mois jusqu’à ce que l’on considère avoir obtenu un niveau de qualité acceptable : 7 ? 8 ? 10 ?
A vous de choisir en fonction des objectifs visés !
Et pour finir, ces quelques mots inspirants d’Alistair Cockburn, (THE master of Agile) qui en appliquant lui-même sa propre méthode nous invite au petit pas suivant :
« La confiance et l’appropriation sont les deux leviers principaux pour atteindre un management inspirant et j’insiste sur l’importance de penser l’intégration des nouveaux collaborateurs, notamment les plus jeunes, comme votre meilleur atout pour faire émerger une culture différente, agile.
Toutes les grandes entreprises ont lancé leur vaste chantier d’agilité à l’échelle. Mais dans quel but ? Devenir une entreprise agile ? Ont-elles au moins compris ce que cela voulait dire ? Ou assistons-nous tout simplement à une ruée vers la dernière mode ?
Parce que toutes les grandes entreprises ne parlent que de ça
Le passage à l’agilité à l’échelle est la grande tendance du moment dans les entreprises. Les expérimentations de mise en œuvre de l’agilité dans les équipes ont fleuri ces dernières années avec plus ou moins de succès. Qu’importe, les dirigeants veulent que leur entreprise soit « agile ». Une solution s’impose, l’agilité à l’échelle, soutenue à grand renfort d’investissement marketing par des « frameworks » qui pullulent.
Autant le dire tout de suite, je ne rentrerai pas dans la guerre des frameworks, à essayer d’identifier lequel est meilleur que l’autre. De mon point de vue, tout framework est bon dès lors qu’il est utilisé comme un framework (un cadre, une boite à outils) et pas comme une méthode.
Le flou est savamment orchestré par les organisations qui commercialisent ces framework et certains consultants qui y voient leur intérêt.
Mais qu’elles n’ont pas compris les valeurs de l’agilité
Devenir une entreprise agile, c’est avant tout repenser le mode de fonctionnement pour qu’il soit recentré vers les clients, internes et externes. Externes pour produire un maximum de valeur à l’attention des clients qui font gagner de l’argent à l’entreprise. Internes pour faire en sorte que les collaborateurs de l’entreprise soient dans les meilleurs dispositions pour délivrer cette valeur. C’est aussi mettre en place un système propice aux changements, un environnement bienveillant, une culture de l’expérimentation et de la tolérance à l’échec.
Combien de grandes entreprises ont ces valeurs dans leur ADN ? Croyez-vous que la mise en œuvre à l’échelle d’une entreprise d’un cadre préconçu quel qu’il soit va réussir à changer cela ?
Parce que c’est vu comme une manière d’améliorer l’existant alors qu’il faut révolutionner les usages
Mettre du Kanban dans le pilotage de la stratégie ne fait pas de votre entreprise une entreprise agile.
Réaliser des « PI Planning » tous les 6 sprints non plus.
Ce qui fait une entreprise agile, ce sont des petites équipes autonomes, responsabilisées sur leur part de chaine de valeur, accompagnées par des leaders bienveillants.
Travailler sur la synchronisation des équipes n’est pas inutile, mais la systémique nous apprend qu’il est nécessaire de regarder plus loin, et particulièrement sur la culture managériale et la posture des managers.
Et que ceux qui sont à l’initiative de ces changements doivent d’abord se les appliquer à eux-mêmes.
L’agilité à l’échelle est une approche qui vise souvent (dans les intentions) à rendre l’entreprise plus agile, mais qui est menée de manière bottum-up. En effet, on va s’attaquer d’abord aux équipes de développement ou de production sans changer l’environnement autour. De mon point de vue, cela a peu de chances d’aboutir réellement.
L’entreprise agile, avec une approche top-down, est plus intéressante à creuser car elle demande un engagement des dirigeants à changer eux-mêmes et à renoncer à certains pouvoirs ou privilèges. Les exemples d’entreprises libérées, organiques, holacratiques deviennent chaque jour plus nombreux.
Parce que nous devons nous inspirer mais pas copier
« Pendant la ruée vers l’or, ce ne sont pas les chercheurs d’or qui se sont le plus enrichis, mais les vendeurs de pioches… ».
Les pioches ont changé mais les résultats sont les mêmes. Plusieurs entreprises sont revenues de ces transformations à la hussarde réalisées en « appliquant des modèles », avec pour impact une image négative de l’agilité.
Quelques bonnes pratiques que vous pouvez suivre
Plutôt que de déployer des framework d’Agilité à l’échelle, si vous voulez transformer votre entreprise en Entreprise Agile, il est intéressant de disposer des ingrédients suivants :
Assurez-vous de disposer d’un sponsorship fort et d’une implication réelle des dirigeants (avec des changements visibles).
Faites-en sorte d’exprimer clairement les enjeux liés à la transformation.
Faites travailler les collaborateurs pour faire émerger des valeurs communes partagées par tous.
Communiquez, communiquez, communiquez : régulièrement et surtout de manière transparente (arrêtez de penser que les employés ne sont pas prêts à comprendre une situation donnée)
Ce type de transformation appelant un changement de mindset, mettez en œuvre un dispositif d’accompagnement adapté à toutes les populations : équipes de développement, de production, managers et top managers, architectes, parties prenantes métier…
Et n’oubliez pas de vous faire accompagner par d’autres passés par le même chemin : des consultants bien sûr mais aussi d’autres chefs d’entreprise ou managers.
Dans un monde de plus en plus complexe, la capacité des organisations à intégrer rapidement les changements et à s’adapter en permanence devient un critère prépondérant de développement, voire de survie.
Pour gagner en souplesse et arrêter les processus lourds et complexes, accélérer l’innovation, rester compétitives, certaines entreprises comme Spotify, Michelin ou encore Favi ont sauté le pas de l’Entreprise Agile.
Cette transformation implique de repenser la culture d’entreprise pour favoriser la prise d’initiative et de réinventer l’organisation du travail autour du client avec des équipes auto-organisées et cross-fonctionnelles.
Découvrez un très bon exemple (mais pas un modèle) de ce type d’organisation : l’organisation Spotify.
Cet exemple de transformation a réussi parce qu’il était adapté à l’organisation Spotify et tenait compte de sa culture, ses valeurs et de ses pratiques.
Vous avez peut-être souvent entendu ces mots « Data is an Asset ». Mais la personne qui les prononce va rarement au bout de l’idée. Et pour cause, l’exercice est plus complexe qu’il n’en a l’air. Cet article a pour ambition d’éclairer le domaine et, pour cela, procédons par étape :
1 – Qu’est-ce qu’un Asset ?
Nous n’allons pas l’inventer, il existe une très bonne définition sur ce site : https://www.investopedia.com/ask/answers/12/what-is-an-asset.asp)
« An asset is anything of value that can be converted into cash. Assets are owned by individuals, businesses and governments »
« Un asset est quelque chose qui peut être converti en monnaie sonnante et trébuchante ».
Avec une maison, cela marche bien en effet. Une expertise suffira à vous donner une bonne idée de la valeur euro de votre maison. Mais pour vos données, ça ne paraît pas si simple.
Le défi aujourd’hui est d’être en mesure de valoriser une donnée, ce qui signifie :
Pouvoir par exemple très formellement comparer deux actifs Data entre eux, deux jeux de données (par exemple sur la base de critères bien définis)
Mettre une valeur « euro » sur un jeu de données (monétisation, prise en compte de l’actif Data sur des opérations d’acquisition / fusion, etc.)
Gérer nos données comme des Actifs, pour maintenir ou développer leur valeur dans le temps
Sur ce dernier point, faisons l’exercice rapide ensemble. Prenons un processus d’asset management standard, appliquons-le à la donnée.
2 – Appliquons un Processus d’Asset management à la Data
Alors allons y ! Appliquons ce processus sur les données pour voir si elle peut être gérée comme un Asset ?
« Inventory » :Inventorier les assets Data. Jusque-là tout va bien.
« Asset Condition Assessment » :Évaluer l’état des biens: Est-ce que la donnée est de qualité, est-ce qu’elle il y a souvent des erreurs qui apparaissent ? Comment les gère-t-on ?
« Determine residual Life / Decay curve » : Il s’agit d’évaluer l’évolution potentielle de différents critères de valeur dans le temps. Par exemple est-ce que la donnée risque de perdre en rareté ? Les usages vont-ils être moins importants ? etc. En général cette notion porte sur le vieillissement d’un bien physique :
« Valuation » : Pour valoriser la donnée, on sent qu’il nous faut poser clairement un cadre de valorisation sur base d’un ensemble de critères. Au même titre que l’expert par exemple en Asset commercial connaît parfaitement les critères qui permettent da valoriser un commerce (surface du commerce, chiffre d’affaire, situation géographique, etc…). Notre conviction est qu’il faut aujourd’hui développer ce cadre pour l’actif « Data ».
« Life Cycle Costing » : C’est le processus qui permet d’identifier tous les coûts impliqués dans le cycle de vie de l’actif (coût d’une erreur, coût de la réparation / correction, coût de la perte de production éventuelle, coût de la maintenance corrective, ….)
« Determine replacements» : Est-ce qu’il faut revoir la manière de gérer certains asset Data ? Faut-il en abandonner/purger certains, non rentables ?
« Set target LOS » : Quel est le niveau de service attendu sur chaque asset Data ? A quels besoins faut-il répondre pour que l’asset ait de la valeur, soit viable ? Quels critères de valorisation veut-on améliorer ? (rareté, qualité, …)
« Assign BRE rating » = Business Risk Evaluation : Et quels sont les risques ? (GDPR, perte de données, …) : « Comment est-ce que des problèmes / incidents peuvent apparaître ? Quelle probabilité d’apparition ? Qu’est cela coûterait si le problème apparaissait ? Quelles en seraient les différentes conséquences ? »
« Determine Appropriate Maintenance » : Si l’on veut maintenir la qualité d’une donnée par exemple, par exemple 3 stratégies de maintenance existent dans le monde physique, elles sont applicables à l’actif Data (Use Base Maintenance : revue à une fréquence donnée, Fail based maintenance : correction sur incident/erreur, Condition Bases Maintenance : Maintenance plus préventive)
« Determine Appropriate CIP » (Capital Investment Program) : Initier (ou mettre à jour) notre programme d’investissement (Projet d’extension du capital d’assets Data, de renouvellement/modification de la gestion de certains Assets, mise en place de nouveaux processus de maintenance = gouvernance…)
« Fund your strategy » : On obtient le financement pour tout cela
« Build the Asset Management Plan » : Enfin on construit, ou on met à jour notre plan de gestion et de valorisation de nos assets Data
La méthode a l’air adaptée. Mais elle soulève des questions clés, auxquelles il va nous falloir répondre, notamment concernant les critères de valorisation. A titre d’exemple, le CIGREF a travaillé sur un cadre d’appréciation de la valeur économique des projets de transformation numérique. Il est intéressant d’avoir une approche comparable pour l’actif « Data ».
3 – Et après ?
Nous venons de voir que la data est effectivement un actif, d’un type bien particulier. Pour aller plus loin, il va falloir identifier des critères objectifs de valorisation des données, et faire des usages de ces données un vecteur clé de sa valorisation.
Dans cet optique, nous pensons qu’un cadre méthodologique de valorisation des données est nécessaire.
Rhapsodies Conseil construit une approche méthodologique pour mesurer la valeur des données, en mettant les usages métiers des données au cœur de la méthodologie, approche que nous vous invitons à découvrir prochainement. En parallèle, nous vous recommandons les travaux initiés sur ces sujets par Doug Laney pour Gartner Inc., en particulier à travers son ouvrage « Infonomics » aux éditions Routledge.
Et vous ? A quand remonte votre premier souvenir de paiement « sans contact » ? Une première transaction ? Un projet ? Un son ?
2010 : Nice, Ville Sans-Contact
Personnellement, il s’agit de l’événement qui s’est déroulé le 21 mai 2010 : le lancement de « Nice Ville Sans Contact » sous le patronage de M. Estrosi, alors Ministre de l’Industrie et déjà Maire de Nice. A l’époque, je travaillais pour le compte d’un « scheme » bien connu. Nous avions organisé avec l’ensemble des partenaires un parcours millimétré pour le Ministre qui devait le conduire à effectuer 3 paiements sans-contact en des points stratégiques de la ville devant un parterre de journalistes et d’invités. Enormes retombées médiatiques et début de la courbe de notoriété… et d’expérience.
C’était en 2010 et promis, 2011 serait l’année du sans-contact : téléphones mobiles sans-contact, tags, étiquettes flashcode, cartes bancaires sans-contact et TPE sans-contact. Les applications porteraient à la fois sur le paiement, les transports, la culture et le patrimoine ! Tout était prêt mais il avait dû manquer quelque chose puisque finalement il aura fallu attendre 2017 pour constater une adoption massive de l’usage.
2017 : l’année du sans-contact en France (enfin)
Finalement, quand on regarde le graphique ci-dessous repris en mars 2018 sur le site du GIECartes Bancaires, on notera avec humilité que l’année 2011 n’y figure même pas.
Mais l’essentiel est ailleurs car tous ces efforts ont payé : l’année du sans-contact est validée ! C’était 2017 : plus d’1 Md de transactions en France selon le GIE CB. Et encore, ce chiffre devrait être complété par
le volume des transactions non CB, dont la plupart sont des transactions paiement mobile. Et ce n’est pas fini : on évoque même les 3Md de transactions pour la fin de l’année 2018.
Un des enseignements, c’est que déployer c’est bien, mais faire utiliser c’est mieux etque cette fameuse valeur d’usage passe évidemment par l’adoption de standards et de parcours clients qui doivent convaincre les utilisateurs avant tout.
C’est le moment de placer une petite citation relevée lors des 5e Rencontres du Club Sepa en février 2018 : « Gardons en tête que le pays le plus innovant du monde est aussi le premier utilisateur de chèques au monde ce qui montre bien que les habitudes ont la vie dure. Ce sont les USA. ». Yves Mersch, membre du directoire de laBCE.
Autrement dit : en 7 ans, que de chemin parcouru ! Et maintenant, où en sommes-nous ? Aujourd’hui, 1 paiement de proximité sur 10 est effectué en sans-contact en France en 2018. Belle tendance !
Des évolutions au service de l’usage
Revenons sur ce qui a convaincu les porteurs d’utiliser leur(s) carte(s) bancaire(s) en mode sans-contact :
Un effet push tout d’abord, avec l’évolution de l’équipement des porteurs qui disposent non seulement de cartes sans-contact (plus de 70% du parc de cartes CB est compatible) mais également de plus en plus de smartphones compatibles et, de façon plus anecdotique, de « wearables » et autres objets connectés nomades comme les montres, bracelets, bagues et bientôt voitures…
Un effet pull au niveau de l’acceptation et des TPE, ensuite, avec du matériel sans-contact de plus en plus présent et « mobile » grâce aux mPOS notamment. Se profile également l’arrivée des smartPOS : cette nouvelle génération de TPE nous encouragera à faire des transactions de paiements les plus courtes possibles (et donc sans-contact) pour libérer du temps et pousser des services connexes (mini-sondage, programme de fidélité…).
Une évolution de l’image du sans-contact auprès du grand public qui a visiblement mis de côté ses réticences historiques, liées principalement à la sécurité, pour être jusqu’à 60% en juin dernier à réclamer une hausse des plafonds de paiement.
Et n’oublions pas l’augmentation du plafond unitaire de transactions sans-contact à 30€depuis le 1er octobre qui permettra de couvrir environ 60% des paiements de proximité annuels en France*.
Projections instantanées
La carte, aussi forte que le mobile ?
Cas pratique : imaginez-vous au moment de l’addition dans un restaurant de choix. Vous sortez votre carte sans-contact de votre portefeuille pour payer la note de 160€. Vous la posez sur le TPE qu’on vous tend et la remettez dans votre poche. Evidemment, le code doit être saisi et vous le faites directement sur le pin-pad du TPE, sans insérer la carte.
Magique ? Non, PIN online. Vous préférez une authentification biométrique, cela sera bientôt possible grâce au capteur inséré dans votre carte. Allons plus loin et admettons l’industrialisation du prototype de Dynamics qui ne propose rien de moins qu’un wallet dans une carte!
N’allons pas jusqu’à dire que la CB devient un mobile comme les autres mais admettons que la carte plastique a encore de l’avenir.
La convergence pour rendre le paiement invisible
Petit rappel théorique : le paiement sans-contact est une évolution du paiement contact qui est une transaction de proximité, par nature. Cette relation de proximité est par ailleurs de plus en plus concurrencée par le e-commerce.
Mais quand on y réfléchit, ces moyens de payer ne sont que des points d’accès différents qui s’appuient sur les mêmes infrastructures et les mêmes flux : pour l’essentiel du paiement par carte. Tout est bien en place pour une convergence totale !
Pour preuve, le développement des wallets (avec des succès divers) proposant de réaliser à la fois des transactions de proximité et à distance. Avec un parcours toujours plus fluide et de plus en plus indifférencié selon le canal grâce au mobile, des marques comme PayLib, PayPal ou ApplePay sont en position pour « prendre le lead » de la convergence.
Cette évolution ultime où le paiement se fait invisible : un point d’entrée (marque du wallet) et c’est payé, quel que soit le canal (VAD, proxi), le type de paiement (récurrent, ponctuel) ou le support (smartphone, smartcar, smartband) sous réserve des bonnes autorisations et sécurisation.
Ce qui n’avait pas été promis bien longtemps à la suite de Nice en 2010, cette CONVERGENCE UNIVERSELLE, peut-on l’envisager comme un standard en 2018 ?
Préparer la bataille de la confiance
Aujourd’hui, il existe un sport pratiqué par les grands groupes bancaires et industriels : l’intégration d’acteurs innovants, en rupture : les Fintechs. Que cela se fasse par inspiration, juxtaposition, absorption ou « lab’orisation ». Ce n’est pas nouveau de travailler avec des partenaires mais l’ampleur et la médiatisation de ces échanges ont pris une dimension inédite.
En 2017, j’ai accompagné un groupe bancaire français dans l’intégration de Fintech à son offre réseau. Ces projets sont encore confidentiels mais je vous garantis que c’est une expérience fabuleusement enrichissante, pour tous les acteurs concernés.
Mais comme sur tout marché, seuls les meilleurs vont survivre ! Une chose est sure, la bataille des wallets et des parcours clients toujours plus fluides ne fait que commencer.
La plus belle des solutions ne s’imposera jamais sans convaincre ses clients de rester et, encore une fois, la capacité à bâtir (ou maintenir) une marque forte pour gagner la confiance de l’utilisateur final sera un facteur clé de succès.
Et ensuite ?
Comment maintenir un niveau de sécurité élevé avec la multiplication des technologies, des acteurs et l’exigence toujours plus forte d’un parcours client « sans couture » ? Après la fusion de certaines offres, quels devront être les regroupements permettant d’atteindre une taille critique ?
Ma conviction, est que ces puissants acteurs bancaires et industriels « classiques » ont raison de s’armer face à l’arrivée de la vraie disruption, celle des GAFAM et des BATX**(pour faire très simple). Ces acteurs américains et chinois arrivent avec une force de frappe financière exceptionnelle permise par leur marché historique, leur capacité d’adaptation et la masse de leur clients existants. Ils ont déjà commencé à poser les bases de leur arrivée en Europe… Et quand le bon modèle aura été défini, contact ou sans-contact, la France des paiements entrera dans une nouvelle ère
Votre avis ?
Cet article est la restitution mise à jour de mon intervention au PayForum 2018 sur l’état du paiement sans-contact en France.
*Pour les cartes émises à partir du 1er octobre **Les GAFAM américains (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) sont considérés comme les leaders hégémoniques du secteur des nouvelles technologies.