5 décembre 2022
– 6 min de lecture
Louis Allavena
Consultant Transformation Data
Le site internet est une vitrine de l’entreprise, celui qui vous permet de vous présenter à vos
partenaires, candidats, clients, prospects… bref, à tout votre écosystème. Il est donc primordial qu’il
donne confiance quant à la gestion des données de vos visiteurs, et qu’il soit conforme à la
réglementation en vigueur. Un site conforme au RGPD, transparent sur l’utilisation qu’il fait des
données que le visiteur lui fournit, offre une bonne première impression et évite de devoir expliquer
à vos clients que vous n’êtes pas conforme RGPD si la CNIL décide d’auditer votre entreprise.
Le RGPD n’est pas l’unique règle qu’il faille appliquer pour considérer son site internet
comme absolument conforme (règle EPrivacy, régle de régulation des mentions légales, …). Nous
nous sommes principalement focalisés ici sur le RGPD.
Il n’est toutefois pas toujours aisé de démêler concrètement les impacts de la réglementation sur
votre site et de savoir s’il est bien en phase avec celle-ci. Chez Rhapsodies Conseil, nous vous avons
donc préparé une synthèse des quelques points clefs auxquels vous devez vous intéresser.
1. Les cookies
Première action du visiteur sur le site : le bandeau cookie
Un bandeau cookie, doit répondre à 3 obligations indispensables :
- Acceptation, refus, paramétrage
Les boutons accepter tous les cookies et refuser tous les cookies sont obligatoires. L’interface ne doit pas avantager un choix plus qu’un autre, les deux boutons doivent, entre autre, avoir la même taille, la même forme et la même couleur.
Le bouton paramètrage n’a pas l’obligation d’être identique aux deux autres, et doit permettre de choisir quel type de cookie j’accepte et quel type de cookie je refuse.
Lors du paramètrage, les opt-in doivent obligatoirement être désactivés par défaut. Accepter tel ou tel type de cookie doit résulter d’une action du visiteur.
Chaque type de cookie (Fonctionnel, Performance, Analytique, …) doit être décrit afin d’éclairer le visiteur dans son choix. Chaque choix doit se faire par finalité, c’est-à-dire que le visiteur peut refuser les cookies de Performance et de Publicité et accepter tous les autres sans que son parcours sur le site ne soit différent.
Tant que le visiteur n’a pas donné son accord explicite de dépôt de cookies (autre qu’obligatoire), aucun cookie ne doit être déposé.
L’utilisateur doit pouvoir revenir sur son choix dès qu’il le souhaite, il doit donc y avoir un moyen pour le visiteur de revenir sur le paramétrage des cookies afin de refuser/accepter les cookies.
- Le bon fonctionnement du paramétrage des cookies & preuve de consentement
Il arrive souvent que, bien que le bandeau cookie permette de refuser le dépôt de certains cookies, celui-ci ne soit pas totalement fonctionnel. Il est donc primordial de vérifier régulièrement que l’outil de paramétrage est bien opérationnel.
Enfin, il est indispensable de pouvoir conserver la preuve du consentement (article 7 du RGPD).
- Lien vers la charte des données ou charte des cookies
Le visiteur doit pouvoir accéder à la politique d’utilisation des cookies, rapidement et avant de faire son choix. Un lien vers la politique d’utilisation des cookies doit donc être présent sur le bandeau.
Cette Politique des cookies doit comprendre : une description de ce qu’est un cookie, une description de comment supprimer les cookies par navigateur, la finalité et la durée de conservation des cookies, le type de cookies et préciser (dans le cas d’un cookie tiers) le tiers en question et le lien vers sa propre politique de confidentialité ou de cookies. Contrairement aux idées reçues, la liste exhaustive des cookies n’est pas obligatoire.
ATTENTION : les cookies collectent des données personnelles, ils ne peuvent donc pas être transférés vers des pays où la réglementation sur la protection des données personnelles n’est pas conforme au RGPD. Les Etats-Unis, par exemple, ne donnent pas une protection sur les données personnelles suffisante pour que les données y soient envoyées. L’utilisation des Cookies Google Analytics (_ga, _gat, …) n’est donc pas acceptée.
2. Les mentions d’informations et la charte des données personnelles
Les mentions d’informations sont les petits textes se trouvant sous les « points de collecte de données » (Newsletter, point de contact, inscription, …). Afin de pouvoir faciliter la compréhension, j’aime décrire les mentions d’informations comme une « charte des données personnelles spécifique au point de collecte »
Une mention d’information doit notamment contenir certaines informations que sont :
- Un rappel des données personnelles qui sont collectées suivi par l’utilisation qui en est faite ;
- Un lien vers la charte des données personnelles ;
- La base légale sur lequel s’appuie le traitement ;
- Le destinataire des données (préciser si un transfert des données hors de l’UE est effectué) ;
- La durée de conservation des données (non-obligatoire si celles-ci sont présentes dans la charte des données personnelles) ;
- Le rappel des droits ;
- Le point de contact (DPO).
Toutes les informations peuvent se trouver dans un texte sous le point de collecte, il est possible de créer une page spécifique à la mention d’information accessible via un lien (cf. exemple ci-dessus). L’important est de respecter le principe de transparence qui implique que les informations soient présentées d’une forme claire. Il est conseillé que cela soit ludique et adapté aux interlocuteurs concernés.
La charte des données personnelles quant à elle est indispensable dès qu’une donnée personnelle est collectée sur le site. Cette charte doit comprendre les informations suivantes :
- Le nom du responsable de traitement ;
- Les finalités de traitement ;
- Les bases légales sur lesquelles reposent les traitements (si un traitement repose sur le consentement, il faut préciser que celui-ci peut être retiré) ;
- Les destinataires des données (avec précision si les données sont transférées hors de l’UE et les garantis quant au respect des règles de sécurités imposées par le RGPD (anonymisation, pseudonymisation, …)) ;
- La durée de conservation des données personnelles ;
- Le rappel des droits des personnes (accès, limitation, suppression, opposition, rectification et portabilité) ;
- Le contact pour faire valoir ses droits (DPO) ;
- Le droit de déposer une réclamation auprès de la CNIL ;
- L’existence (ou non) d’une prise de décision automatisée ;
- La source des données s’il existe une collecte indirecte.
La charte doit être mise à jour dès qu’un nouveau traitement est créé.
Il est possible que vous n’ayez pas besoin de créer de charte des données personnelles. C’est le cas si les mentions d’informations de tous les points de collecte de votre site internet contiennent des mentions d’informations spécifiques et complètes comprenant les informations obligatoires. Si vous répondez à ce cas de figure, il vous faudra cependant une charte des cookies.
3. CGU, CGV, mentions légales
Les CGU ne sont pas obligatoires mais apportent un cadre d’utilisation du site internet (droits et obligations respectives à l’éditeur et au visiteur). Si votre site internet n’est qu’une vitrine et qu’il ne permet pas la création d’un compte, un achat, le dépôt d’un commentaire, … il n’est pas obligatoire d’avoir des CGU.
Cependant, celles-ci sont indispensables dans les cas contraires. En effet, les CGU peuvent être considérées comme le “règlement intérieur du site”. Elles donnent les droits de l’utilisateur, ses responsabilités et également celles en cas de non-respect.
Les droits de l’utilisateur doivent être précisés, par exemple dans le cas de la création d’un espace personnel. Ces dispositions des conditions générales d’utilisation permettent d’engager la responsabilité de l’utilisateur en cas de dommage résultant du non-respect desdites obligations.
Francenum.gouv.fr
L’utilisateur du site doit accepter explicitement les CGU pour qu’elles puissent être considérées comme légales.
Contrairement aux CGU, les CGV sont obligatoires dès que le site propose un service de paiement, vente, livraison en ligne. Les CGV correspondent à la politique commerciale du site internet (modalité de paiement, délais de livraison, rétractation, …). Elles sont particulièrement utiles en cas de contentieux. Cependant, il n’est pas obligatoire de les avoir disponibles directement sur votre site internet, si vos clients sont professionnels (B2B). Elles le sont si vos clients sont des particuliers (obligation précontractuelle d’information du vendeur). Pour chaque vente, les CGV doivent être acceptées par le particulier (B2C).
Les mentions légales sont les informations permettant d’identifier facilement les responsables du site. Pour une personne physique, il faut inclure :
- Le nom et le prénom ;
- L’adresse du domicile ;
- Le numéros de téléphone et l’adresse mail.
Pour une personne morale (une société), il faut inclure :
- Le nom de l’entreprise et le numéro SIRET ;
- La forme juridique de la société ;
- Le montant de son capital social ;
- L’adresse du siège social.
Il est aussi impératif de préciser les mentions relatives à la propriété intellectuelle :
- La propriété intellectuelle des photos, images, illustrations, textes qui ne sont pas les vôtre (à minima la source des tactes).
En complément de ces informations, il est indispensable d’inclure :
- Le nom de l’hébergeur et sa raison sociale ;
- L’adresse de l’hébergeur ;
- Le numéros de SIRET de l’hébergeur ;
- Le numéro de téléphone de l’hébergeur.
Certaines activités impliquent d’ajouter certaines informations :
- le numéro d’inscription au registre du commerce et des sociétés (RCS) (et numéro de TVA intercommunautaire, si vous en avez un) ;
- le numéro d’immatriculation au répertoire des métiers (RM) ;
- le nom du directeur/codirecteur ou responsable de la publication (si vous proposez des articles, des blogs, des informations, …) ;
- le nom et l’adresse de l’autorité vous ayant délivré l’autorisation d’exercer (si votre activité est soumise à un régime d’autorisation).
4. Le principe de minimisation
Très souvent, on a tendance à vouloir collecter le plus de données possibles « au cas où », sans finalité précise. Cependant, depuis le RGPD, le principe de minimisation limite cette tendance.
Le principe de minimisation prévoit que les données à caractère personnel doivent être adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est nécessaire au regard des finalités pour lesquelles elles sont traitées.
CNIL
Ainsi, il n’est plus possible de collecter des données ne pouvant pas être justifiées par la finalité de traitement. Par exemple, demander le genre de la personne pour une inscription à une Newsletter n’est pas possible, sauf si on le justifie (par ex. le contenu de la Newsletter est différent selon que l’on est un homme ou une femme).
Ces quelques points vous donnent une première approche à avoir pour vérifier que votre site est bien conforme. La revue du site est aussi un bon moyen de faire une passe sur les données collectées et lancer une véritable mise en conformité de vos traitements de données (bases de données, contrats, CRM, …).
Chez Rhapsodies Conseil, nous nous appuyons sur des outils internes et externes qui ont fait leurs preuves et sur l’expertise de consultants expérimentés pour analyser la conformité de vos sites internet.