L’Instant Payment, parallèlement à la DSP2, a projeté les paiements dans un nouveau monde, ouvert à la créativité et à la compétition. Cette ouverture vise à offrir de nouveaux services, dans une économie digitale, en réponse aux attentes des utilisateurs : instantanéité, mobilité, accessibilité, fluidité et simplicité.
Il est dès lors naturel de citer en priorité les usages de l’Instant Payment correspondant à des services qu’aucun autre moyen de paiement n’offre jusqu’ici ; l’exemple le plus courant est le dépannage d’un proche à distance (à l’autre bout de l’Europe, dans un aéroport pour ajouter à l’urgence de la situation…).
L’absence d’alternative confère alors à l’Instant Payment sa vraie valeur d’innovation. L’examen de ces cas d’usage, tant côté particuliers qu’entreprises, montre bien les caractéristiques les plus disruptives de l’Instant Payment :
la disponibilité immédiate des fonds,
la couverture 24/7/365.
Au-delà du dépannage d’un proche, le règlement d’un sinistre (assurance), le remboursement d’un vol annulé, illustrent bien ces nouveaux services rendus possibles par l’Instant Payment, souvent dans des situations d’urgence. Côté Entreprises, l’urgence aussi peut exister quand il faut régler tardivement une facture (relance fournisseur ou échéance sociale à ne pas manquer).
Pour autant, les enjeux de développement de l’Instant Payment ne peuvent se limiter aux situations d’urgence. Il doit s’imposer aussi sur des cas d’usage déjà couverts par d’autres moyens de paiement. Les premiers retours d’expérience (sur les paiements instantanés au sens large, au-delà du SCT Inst) montrent bien que les attentes des utilisateurs pour une large adoption de l’Instant Payment portent essentiellement sur :
la facilité d’utilisation ou, dit autrement, la fluiditédu parcours intégrant le paiement :
payer entre amis, sur smartphone, sans même besoin de l’IBAN : vous avez toujours des espèces sur vous ? je peux te faire un chèque…
régler un taxi, non équipé d’un lecteur carte…
régler un achat entre particuliers (e.g. voiture d’occasion) : mais si vous préférez le chèque de banque…
le coût :
face à la carte, la différence ne se fait pas sur le plan de la facilité d’utilisation ; la garantie de paiement de la carte suffit aussi dans de nombreux cas, lorsque la disponibilité immédiate des fonds n’est pas indispensable ; la comparaison se joue plutôt sur le terrain des coûts / de la politique commerciale des acteurs
de même, côté entreprises, hormis les cas de disponibilité immédiate des fonds, le recours à l’Instant Payment reste largement conditionné par le coût d’opération.
Le point de vue des Entreprises mérite un complément, notamment au regard des volumes qu’elles représentent :
la fluidité côté Entreprises s’exprime aussi dans l’accélération et la rationalisation des processus :
l’accélération du règlement (disponibilité immédiate des fonds) permet d’enclencher plus rapidement l’expédition, voire même de manière automatisée, en exploitant l’acquittement positif (confirmant la bonne fin de l’Instant Payment) ;
l’unité de temps, enchaînant commande et règlement, jusqu’à son acquittement explicite, évite également les reprises de dossiers, avec leur charge et risque d’erreur ;
les réflexions en cours (inspirées de l’expérience britannique) sur un SCT Faster, non plus de l’ordre de quelques secondes, mais de quelques heures, élargissent le champ de réponse à cette recherche de fluidité et d’accélération ; et même si elles sortent du cadre strict de l’Instant Payment, elles démontrent :
le potentiel de transformation d’une partie du volume d’opérations traitées en batch actuellement vers un traitement individualisé au format SCT Int ;
l’intérêt en matière de mutualisation des infrastructures et l’impact correspondant sur les coûts ;
l’évolution de la fluidité, du traitement par lots vers des transactions unitaires quasi instantanées.
A en juger par la dynamique des acteurs dans les différents états membres, l’ambition du régulateur européen est bien en train de se concrétiser : l’élargissement de l’offre de services aux clients, particuliers et entreprises…
Et la réglementation ne date que de quelques mois : nous n’en sommes qu’au début !
À l’occasion des Rencontres Annuelles du France Payments Forum le 3 mars, vous trouverez ci-après la conclusion de la table ronde – Etat des lieux de l’implémentation des API : Solutions et perspectives
La keynote d’introduction (par Ghela BOSKOVICH, Head of Europe, FDATA GLOBAL) avait pour but de tirer parti de l’expérience du Royaume-Uni dans le domaine de l’OpenBanking.
L’expérience Open-banking au Royaume-Uni
18 mois d’avance : premiers déploiements en test dès Janvier 2018
Les difficultés rencontrées :
Mobiliser les banques, dans un contexte où on leur impose des investissements sans retour économique ; cela a conduit à une position ferme d’obligation faite aux banques par la Competition & Markets Authority (CMA) en 2017 ;
Créer la confiance dans la réussite de l’initiative OpenBanking, pour attirer les investisseurs ; la gouvernance via l’OBIE (Open Banking Implementation Entity) et du « Trustee » répondent à cet enjeu « make sure things happen » ;
Définir des standards techniques partagés et les conditions de tests pour vérifier l’opérationnalité et les performances ; malgré cela, l’interprétation des standards reste un écueil…
Fluidifier leparcours client, qui a donné lieu en 2018 aux Customer Expérience Guidelines, ajoutées aux obligations des acteurs après les premiers retours d’expérience ;
Prendre en compte de la Directive Européenne DSP2, notamment sur l’Authentification Forte, qui reste actuellement la principale préoccupation, avec notamment la contrainte de réauthentification tous les 90 jours…
La situation en France
La Table Ronde a été constituée de manière à rassembler les différents points de vue :
Modérateur : Ludovic VATHELOT, TREEZOR et animateur du GT RED du France Payments Forum
Depuis Décembre (cf. Table Ronde que nous avions organisée sur le même sujet), les participants constatent un net progrès sur l’accès / agrégation de comptes :
Le régulateur a créé les conditions d’un échange constructif entre Banques et TPP pour établir une liste détaillée des points d’achoppement et en engager le traitement ; les instances CNPS (Comité National des Paiements) et AFEPAME (Association des Etablissements de Paiement) contribuent largement à cette convergence ;
Concrètement, l’ACPR fait le bilan d’une accélération des tests entre Banques et TPP : alors que 25% des API étaient en test en décembre, ce taux est passé à 70% en janvier : des couples Banque /-TPP se sont constitués pour des « Canary Tests », comparant les résultats entre Web Scraping et API … révélant bien sûr des écarts à traiter ;
Il reste donc encore du chemin à parcourir pour se mettre en conformité avec la Directive / les RTS ; on retrouve les mêmes difficultés que le Royaume-Uni :
Différentes interprétations du standard (STET), notamment sur les cartes à débit différé, les dates optionnelles…
Mise en œuvre de l’authentification forte (mode redirect, App-to-App),
Parcours utilisateur laborieux et surtout hétérogènes, difficilement acceptables dans une application d’agrégation multi-banque…
Quant à l’Initiation de Paiement, elle subit le retard au niveau de l’Agrégation : elle progresse à partir d’expérimentations locales, comme le pilote entre BPCE / Natixis Payment Solutions et System U.
Duo gagnant : initiation de paiement + instant payment
La voix des commerçants, portée par Jean-Michel CHANAVAS, déplace l’enjeu, au-delà de l’Initiation de Paiement vers l’instantanéité, rendue possible par sa combinaison avec l’Instant Payment : « on veut que se développe le Paiement Instantané ! ».
Pour avancer …
Les prochaines étapes à franchir :
Finaliser la mise en conformité avec les RTS, avec la disponibilité et performance attendues pour l’accès au compte
Et pourquoi pas publier les statistiques de montée en charge (trafic, disponibilité, performance des API), pour créer la confiance (et l’émulation), comme le fait l’OBIE en Grande-Bretagne ?
Résorber les différences d’interprétation du standard STET, sur les dates, les cartes…
Dégager les meilleurs parcours utilisateur pour l’authentification (en cours au sein de l’AFEPAME) : In-App, SMS, Universal Link…
Reconsidérer l’obligation de réauthentification tous les 90 jours : le régulateur a engagé des discussions sur le sujet…
Et plus particulièrement pour l’Initiation de Paiement :
Intégrer l’ajout d’IBAN bénéficiaire
Revoir les parcours, a minima pour remplacer les parcours hors ligne (sur plusieurs jours !)
Tirer parti des opportunités de combinaison avec l’Instant Payment !
Tout cela sous la menace d’une concurrence internationale et d’acteurs majeurs, qui sauront exploiter leur position pour apporter des expériences utilisateurs fluides dans un modèle simplifié de « closed loop »…
CGA évolue à la 5ème place du marché français de l’affacturage.
CGA calcule son RWA en méthode avancée. L’affacturage nécessite néanmoins de reprendre chaque mois les chiffres produits pour s’assurer que les contrats, lorsqu’ils sont traités en méthode standard, ne peuvent être optimisés pour retraitement en méthode avancée (nettement plus avantageuse pour les fonds propres de la banque).
Missions
Reprise des contrats calculés en méthode Standard ;
Recherche des contrats calculés en Standard ;
Détection des critères manquants (PD manquantes, historique de données insuffisant mais qualité de crédit bien réel…) ;
Recalcul des contrats ;
Rapport du comité de crédit ;
Définition du rapport et des graphiques présentés au board lors du comité de crédit ;
Détermination des critères clés du suivi de la qualité des clients de la CGA : EAD Standard / EAD total ; RWA reclassé ; RWA Standard / RWA total ;
Extraction et mise en forme des 20 plus gros consommateurs de ressources crédit ;
Remontée des données au groupe SG pour la production des COREP ;
A chaque fin de trimestre, recalcul des rapports règlementaires COREP ;
Effacement des contrats précédemment calculés en Standard ;
Injection des contrats recalculés en méthode Avancée ;
Conservation de la piste d’audit ;
Réconciliation avec la comptabilité.
Bénéfices
Diminution du RWA de 1 000 000 € en moyenne chaque mois (soit 80 000 000 € que CGA évite de déposer en réserve dans ses fonds propres) ;
Suivi mensuel de tous les indicateurs Risque par le board.
Les autres success stories qui peuvent vous intéresser
Mobilité Bancaire et DSP2 impactent directement l’offre globale du Groupe dans le parcours client, avec l’engagement de respect des échéances de la loi Macron et la prise en compte des contraintes européennes dans le cadre de la nouvelle Directive sur les Systèmes de Paiement (DSP2).
Solution
Les deux volets de la mission sont effectués séquentiellement :
Mobilité Bancaire :
Analyser les impacts de la mise en œuvre de la loi Macron pour l’ensemble des acteurs concernés dans les entités du Groupe
Spécifier les changements à mettre en œuvre, aussi bien systèmes qu’organisationnels
Coordonner l’ensemble des acteurs et assurer le suivi des tâches prévues
DSP2
Analyser les impacts de la directive DSP2 et des Standards Techniques (RTS)
Participer aux travaux de Place pour définir les standards d’échanges interbancaire du tronc commun pris en compte dans la DSP2 (API STET), notamment pour les APIs et l’authentification forte.
Spécifier les changements à mettre en œuvre, systèmes et organisationnels
Participer à la construction des API pour le groupe en tant que Product Owner dans une organisation agile « at scale ».
Bénéfices
Le client a pu constater :
Mise en œuvre de la Mobilité bancaire effective dans les délais réglementaires
Pour la DSP2, reconnaissance de l’expertise en tant que représentant du Groupe dans les instances de Place.
Les autres success stories qui peuvent vous intéresser
Chaque année, SWIFT apporte des corrections, modifications, améliorations à son système qui se traduisent par la fameuse Release SWIFT, rendez-vous obligé des établissements adhérents qui doivent adapter leurs systèmes d’information pour s’y conformer.
L’entrée en vigueur est toujours fixée au 3ème week-end du mois de novembre. Cette année, en raison de la crise sanitaire mondiale liée à l’épidémie de corona virus, SWIFT a décidé d’alléger le contenu de la release 2020 (SR20) pour se focaliser sur les modifications liées aux titres (messages MT5xx). Les autres modifications, essentiellement liées aux paiements, sont décalées à 2021. Les modifications liées aux paiements sont de 2 ordres :
Tracking des MT103
Dans le but de généraliser son système GPI (Global Payment Initiative) qui permet à un client de suivre en temps réel ses paiements, SWIFT oblige les établissements bancaires de confirmer l’imputation ou le rejet des MT103,103+ reçus dans un délai de 2 jours (business day).
Cette confirmation s’effectue auprès du tracker (TRCKCHZZXXX) par l’une des manières suivantes :
Par un MT199 envoyé au tracker ;
Par l’appel à une API dédiée ;
Manuellement via le portail internet du tracker ;
Par un message ISO 20022, compatible avec les formats MX, qui sera déployé en 2021 ;
Par un fichier batch au format csv.
Cette obligation de répondre au « tracker » est, quant à elle, reportée au 1er juin 2021.
Format
Contraintes renforcées sur les champs 50 « Client Donneur d’Ordre » et 59 « Client Bénéficiaire » au format F pour améliorer la qualité des données (standardisation) et faciliter les contrôles (Anti-blanchiment, Embargo…). Ces champs contiennent les sous champs :
nom du client
Adresse du client
Code Pays / Ville
Les nouvelles règles sont : sous champ /3 devient obligatoire, 2 occurrences maximum de chaque sous champ 1/, 2/ et 3/. Ces règles sont applicables à tous les messages qui contiennent des champs 50F et 59F c’est-à-dire :
MT103, 103+ : Virement clientèle
MT202COV : Virement banque de couverture
MT210 : Annonce de paiement
MT910 : Avis de crédit
Ces modifications sont reportées à la Release SWIFT 2021.
Que s’est-il passé en 2019 dans l’univers des virements et des prélèvements ? Une rétrospective générale de l’année écoulée nous permettra de comprendre le passé pour mieux cerner les enjeux à venir pour l’Europe et le reste du monde.
Extension et réduction SEPA
L’année 2019 a vu arriver dans la zone SEPA deux nouveaux pays, le Vatican et Andorre, portant à trente-six le nombre de pays participant aux échanges européens.
Cette même année a également validé démocratiquement, par la victoire électorale de Boris Johnson, la volonté anglaise de sortir de l’Union européenne. Bien que le BrExit ne signifie pas nécessairement sortir de la zone SEPA, il imposera de considérer le Royaume-Uni comme un pays extérieur à l’Union européenne (« no-deal BrExit ») et de lui appliquer des mesures similaires à celles en place pour des pays comme la Suisse ou Monaco.
Statistiques
L’EPC a publié les statistiques de 2019 relatives aux échanges effectués en 2018. Les histogrammes ci-contre en illustrent les résultats. Pour des raisons légales locales, certains pays ne communiquent pas de données.
À l’aide des informations recueillies, le résultat est sans appel ; les valeurs indiquent clairement que l’Allemagne et la France restent des émetteurs et des récepteurs majeurs d’opérations SEPA. La carte ci-dessous propose une autre vision ; elle colorise les pays en fonction de leurs volumes de virements. Les pays ne communiquant pas leurs données restent gris au contraire des pays qui, au moment de la publication, n’avaient pas transmis les informations requises soit pour des raisons légales similaires aux premiers soit pour des motifs de disponibilité.
Ces chiffres ne doivent pas cacher certaines réalités. En effet, ils ne tiennent pas compte du dernier né des produits SEPA, le SCT instantané et, plus généralement, des solutions Instant Payment locales. Ainsi, des pays très en avance dans le domaine des paiements instantanés, comme le Danemark, ont des volumes de virements quasiment nuls. Il est aisé d’interpoler que les quantités de virements échangés auraient été bien plus importantes si les solutions IP avaient été mesurées. Ainsi l’omniprésence des échanges instantanés pourrait entraîner l’abandon local du SCT à son profit.
En 2019, les champions du SDD restent les allemands suivis d’assez loin par la France et l’Espagne. Pour la dixième année consécutive, le SDD reste un produit de paiement très germanique.
Les produits
SCT Inst.
À la fin de l’année 2019, le SCT Instantané, l’IP SEPA, souffle ses deux bougies ; il est présent dans vingt-deux pays avec une couverture de 51 % des PSP (Payment Service Providers). Pour le moment, l’arrivée du SCT instantané dans l’Hexagone n’a pas modifié le paysage des moyens de paiement ; il y reste un produit optionnel. Les français semblent rester très attachés aux moyens classiques à l’opposé des pays scandinaves pour qui l’IP est « le nouveau standard ».
RTP
Publié à la fin de l’année 2019, le projet de mettre en place la RTP (Request-to-Pay) en Europe a été ébauché par l’EPC. Il consiste à déployer un message qui servira à avertir le débiteur qu’une facture, une prestation ou un achat doit être payé. Le message transportera le détail de la facture et les données complémentaires qui permettront lors de la validation du message de fabriquer un virement complet potentiellement très détaillé. Ce message vient en concurrence direct du SDD très peu utilisé dans beaucoup de pays d’Europe. En effet, la RTP, par rapport au SDD, s’affranchit des signatures de mandat et des questions liées aux demandes de remboursement ou à la protection du débiteur. Elle dématérialise les factures, facilite la création des messages de paiements, favorise la réconciliation comptable et transforme en virement irrévocable un paiement qui aurait pu être fait par un autre procédé révocable. La RTP fait écho au RfP (Request for Payment) en cours de développement aux États-Unis et sur le Correspondent Banking de SWIFT.
ISO 20022
Bien que distinct du SEPA, cette norme internationale continue à se répandre dans le monde. À la fois pour des paiements domestiques comme au Canada en 2016, en ce moment aux États-Unis (suivi par la NACHA), mais aussi pour les paiements internationaux comme la Russie (suivi par la ROSSWIFT et deuxième pays après les USA en nombre d’utilisateurs de SWIFT).
SWIFT, à travers le programme d’harmonisation ISO 20022 à l’échelle mondiale, abandonnera les messages MT au profit des MX pleinement conformes à la norme ISO 20022. La migration commencera en novembre 2021 pour se terminer en 2025 avec l’arrêt des MT. Cette uniformisation (dont le nom de la norme « UNIFI » est évocateur) permettra aux utilisateurs de gérer avec un seul format aussi bien un virement domestique qu’un transfert international n’importe-où sur Terre. Les pacs.008 et pacs.009, successeurs des MT103 et MT202 ont déjà été publiés par l’institution.
2019 est terminé. 2020 arrive avec des évènements politiques, des nouveaux produits et la poursuite de nombreux projets interbancaires. Les moyens de paiement sont en pleine évolution et cette dernière va se poursuivre tout au long de cette nouvelle année.