9 avril 2018
– 2 min de lecture
Séverin Legras
Directeur Agilité, Projets & Produits
Je suis intervenu le 10 octobre dans une grande banque française à l’occasion de leur « Agile Day » annuel. On m’a demandé d’intervenir sur l’impact de la transformation agile sur le management.
Mon constat est que la transition managériale dans les grands programmes de transformation agile n’est pas efficace. Ce constat commence à être partagé et mes réflexions m’ont amené à identifier une approche différente de celle traditionnellement mise en œuvre.
Pour développer les Hommes, travaillez sur l’environnement en premier
Quand vous souhaitez amener une entreprise vers un leadership plus agile, il ne suffit pas de décréter qu’elles doivent devenir agiles. Il est nécessaire de rénover le système, qui dans la quasi-totalité des cas, n’est pas compatible en l’état.
Supprimer les silos entre les métiers, les équipes de développement et les équipes de production (approche que j’appelle BIZDEVOPS) est une première étape d’une transformation agile. Modifier les mécanismes contre-productifs, comme les systèmes d’objectifs orthogonaux entre DEV et PROD par exemple, devrait être l’étape suivante. On peut même imaginer une gouvernance d’entreprise basée sur une information transparente, fraîche et honnête, générant des prises de décisions décentralisées et efficaces.
Pour travailler sur le système, vous pouvez démarrer par :
- identifier clairement et communiquer beaucoup sur la vision de l’entreprise : son but, sa raison d’être. Finalement, le rôle du dirigeant pourrait se résumer à cela : répéter encore et encore la raison d’être de l’entreprise. C’est d’ailleurs une constante dans les organisations « libérées » qui surperforment dans leurs domaines d’activité.
- décentraliser les prises de décisions en donnant plus d’autonomie. Cela signifie en corollaire de garantir un accès transparent à l’information, de développer les compétences, de bâtir des interactions basées sur la confiance mutuelle et de donner le droit à l’erreur dans une approche « fail fast, learn fast ».
Former n’est pas assez
Une fois la prise de conscience et les modifications réalisées au niveau de l’organisation, accompagnez vos managers dans le changement nécessaire de posture. Car en modifiant l’organisation et les interactions entre les différentes parties prenantes, l’impact sur le manager est plus important qu’il ne pourrait y paraître. J’ai déjà rencontré des chefs de projets qui venaient se plaindre de l’agilité parce que leurs équipes parlaient désormais directement avec le Product Owner pour la priorisation des sujets, alors que c’était leur prérogative quelques mois plus tôt.
D’une approche où le manager est traditionnellement un sachant promu pour sa compétence technique (et pas forcément sa compétence en leadership !), nous évoluons vers une approche où le manager s’oriente plutôt vers une posture d’hôte (Host Leadership) ou de coach, avec comme objectif de faire émerger de nouveaux leaders dans son équipe.
Plutôt que d’envoyer les managers en formation pour leur apprendre des recettes qu’ils ne pourront/sauront pas appliquer dans la plupart des cas, préférez un accompagnement sur le terrain. La formation peut être envisagée comme un apport complémentaire si nécessaire et dans un second temps. Le coaching des équipes et des individus amène des résultats bien plus probants car les acquis sont ancrés dans le concret, et surtout, l’apport régulier du coach sécurise la montée en compétences opérationnelle. L’expérience du coach va aussi aider à gérer des situations délicates qui ne manqueront pas d’arriver, et également à identifier les ajustements nécessaires aux modifications réalisées sur le système, dans une approche d’amélioration continue.