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Comment booster votre puissance d’apprentissage grâce aux neurosciences ?

Comment booster votre puissance d'apprentissage grâce aux neurosciences ?

4 mai 2021

– 7 min de lecture

Jérôme Lesage

Manager Organisation Apprenante & Leadership Agile

La science au service de notre cerveau

À travers cet article, je vous invite à une introduction au vaste monde des neurosciences et à la compréhension des mécanismes d’apprentissage de notre cerveau. Ces mécanismes sont d’autant plus complexes, qu’outre la compréhension de l’apprentissage et de l’attention, la mémorisation, les émotions et la motivation sont, parmi d’autres, des facteurs prédominants à prendre en compte dans l’apprentissage de nouvelles informations.

Quand on évoque le cerveau, beaucoup de mythes et de croyances accumulés au fil des temps ressurgissent. 

Parmi les plus connus : 

Ce n’est qu’un échantillon des nombreuses croyances que l’on peut trouver facilement sur internet. Nombreux de ces mythes ont été cassés par l’essor des neurosciences (science du cerveau) qui a pour objectif de mieux comprendre le fonctionnement de notre cerveau.
Les neurosciences n’ont pas seulement permis la déconstruction de mythes, mais nous éclairent sur le fonctionnement de notre cerveau et permettent la mise en lumière des mécanismes d’apprentissage et d’en tirer des leçons pédagogiques.
Ces études révèlent que le cerveau est doté d’un immense appétit d’apprentissage mais que ses capacités d’assimilation sont limitées et vite dépassées. 
Lors d’un nouvel apprentissage, l’avant du cerveau, cortex préfrontal qui commande les opérations, se mobilise fortement. L’attention d’un débutant est fortement sollicitée par sa mémoire de travail et elle diminue très vite.  
Au fil des répétitions, l’apprentissage va s’automatiser et demander de moins en moins d’énergie. L’activité neuronale se déplace progressivement de l’avant vers l’arrière du cerveau où se situe les automatismes. Le cerveau exécutif ainsi libéré devient disponible pour un nouvel apprentissage. 

Cette capacité d’apprentissage est donc limitée :

  1. Par notre énergie dépensée à se concentrer sur un nouveau sujet.
  2. Par le temps d’apprentissage nécessaire pour basculer l’activité neuronale de l’avant à l’arrière de notre cerveau. Autrement dit, rendre ce nouvel apprentissage un automatisme que le cerveau va pouvoir gérer en tâche de fond. 

Un bon exemple, que j’ai repris de l’ouvrage Neuro Learning, est celui de l’apprentissage de la conduite. Lors des premières leçons, l’élève a besoin de beaucoup de concentration pour se focaliser sur la route tout en apprenant à manipuler les commandes. Au fur et à mesure des heures accumulées, des automatismes se créent. L’attention se porte principalement sur la route et la gestion des commandes se fait de manière instinctive, sans besoin d’y réfléchir. Cela marque le passage de l’utilisation principale de l’avant du cerveau vers l’arrière, siège de l’automatisme, qui caractérise le stade de l’expert. 
Pour aller plus loin dans la compréhension des modes d’apprentissage, vous pouvez vous tourner vers les travaux de Barbara Oakley, célèbre professeure américaine d’ingénierie à l’Université d’Oakland et à l’Université McMaster, dont les cours en ligne sur l’apprentissage font partie des cours de MOOC les plus populaires au monde. 
Il est donc important de bien comprendre les mécanismes d’apprentissage de notre cerveau pour en optimiser la quantité d’information retenue et sa durée dans le temps.  
Voici 8 astuces pour aider votre cerveau : 

1. Esprit sain dans un corps sain

esprit sain dans corps sain

Notre capacité d’apprentissage est directement liée à notre condition physique. L’apprentissage de nouvelles connaissances demande de la concentration et donc de l’énergie pour maintenir cette concentration au maximum dans le temps. Il est donc primordial d’avoir une bonne hygiène de vie. 
Garder une bonne condition physique, se reposer en respectant ses rythmes de sommeil, avoir une alimentation saine et équilibrée sont autant de facteurs qui faciliteront l’apprentissage. Bougez, sortez, faites du sport, ces activités vous permettront d’avoir un corps énergique et en bonne santé.

Astuce : pourquoi ne pas utiliser le temps gagné dans les transports grâce au télétravail pour rechausser vos baskets ou ressortir votre tablier de cuisinier ? 

2. Se mettre en condition pour apprendre 

Lors d’une phase d’apprentissage, le cerveau n’est pas capable de se concentrer sur plusieurs choses à la fois. Il ne fait que d’aller et venir entre les différentes tâches à accomplir ce qui demande une grande source d’énergie. Pour maximiser un apprentissage, il est primordial de se mettre dans de bonnes conditions : 

Astuces :

  • Ne pas hésiter à s’isoler dans une salle de réunion pour travailler sur un sujet. Pourquoi ne pas vous aménager un espace bureau au lieu de vous répandre sur la table du salon ? 
  • Quitte à regarder les réseaux sociaux, prenez un moment dédié à cette activité et assouvissez ce besoin. Cela aura pour effet de libérer votre esprit et de focaliser votre attention sur la prochaine tâche à accomplir. 
  • Désactiver les notifications sur votre ordinateur et/ou de votre smartphone. 

3. Alléger votre cerveau 

alleger votre cerveau

Astuce :  Gardez du temps pour faire des pauses et gérer l’imprévu, et restez réaliste sur les tâches à accomplir pour ne pas être démoralisé en fin de journée en voyant la longue liste de tâches remise au lendemain.

4. Être attentif à vos humeurs 

Émotions et motivations sont étroitement liées. Un certain niveau de stress favorise la performance mais les effets s’inversent au-delà d’un seuil et l’impact devient néfaste. Les émotions négatives nous font focaliser sur les détails, diminue notre capacité d’exploration et inhibe partiellement, voir totalement, notre capacité de raisonnement.

En cas de menace, l’information va directement déclencher la réaction automatique de stress (fuite, attaque, ou sidération). Ce phénomène inhibe le système exécutif et est toujours prioritaire puisqu’il assure notre survie. Mais il a pour effet de rendre l’information inaccessible au raisonnement et donc à l’apprentissage. 
À l’inverse, les émotions positives ont pour effet l’élargissement de la pensée et du comportement, favorisant la curiosité, l’apprentissage et la créativité.  
Il est donc impératif de réguler ses émotions en limitant l’induction d’émotions négatives et en favorisant les émotions positives. 

Astuces : 

5. Adapter votre rythme de travail aux capacités de votre cerveau

Votre cerveau a besoin d’énergie mais également de temps pour apprendre. Il est important de prendre un rythme d’apprentissage en adéquation avec votre cerveau. 
Les neurosciences nous apprennent que la clef est dans la répétition. 

La loi de Hebb a démontré que pour chaque nouvelle tâche apprise, une nouvelle trace (réseau de neurones connectés) est créée dans notre cerveau. Cette nouvelle trace est fragile et demande à être rapidement réactivée pour avoir une chance d’être conservée. Il est donc primordial de revenir fréquemment sur des notions apprises pour les ancrer dans notre cerveau. 

Astuce :  Ancrer les concepts en les retravaillant de manière régulière. Vous pouvez par exemple suivre un schéma de répétition par espacement croissant : 

6. Chercher le fameux Eureka 

Qui n’a jamais eu ce moment de grâce en trouvant la solution à un problème sous la douche ou lors de sa séance de sport. 

Lorsque l’on est confronté à un problème, nous restons souvent focalisés sur celui-ci sans prendre le temps de lever la tête. Or, cette pratique n’est pas le moins du monde efficace car elle ne laisse pas le temps au cerveau de travailler sur le problème. 

Lorsque l’on prend une pause et que l’on arrête de se pencher sur la résolution d’un problème, notre cerveau reste actif et continue d’analyser la problématique en tâche de fond. C’est un processus non conscient. Il va chercher à relier le problème à des évènements déjà vécus et faire des associations auxquels nous n’aurions pas encore réfléchi.

cherchez le fameux eureka

Astuce :  Lorsque vous bloquez sur un problème depuis plus d’1h, sortez faire un tour ou penchez-vous sur une tâche que vous aimez réaliser et dont vous avez l’habitude. Cette tâche sera facile à réaliser par votre cerveau et celui-ci pourra continuer à travailler sur votre problématique sans que vous en eussiez l’impression. 

7. Réaliser du fractionné plutôt que de traiter en bloc 

Aussi nommé « interleaving », il a été démontré que passer à un autre sujet et revenir un peu plus tard au premier consolide la mémoire à long terme. Même si cela peut perturber la mémorisation à court terme, le fait de découper un sujet laisse du temps au cerveau pour travailler de manière non consciente entre deux apprentissages et donc de créer des liens pour en favoriser l’ancrage. 

Le fait de revenir sur le sujet permettra également le besoin de répétition déjà évoqué.

Astuce :  

8. Retenir de l’information n’est pas suffisant pour s’en souvenir 

Retenir de l’information n’est pas suffisant pour s’en souvenir

Il nous est tous arrivé de ne pas se souvenir du nom d’un chanteur et de retrouver son nom en entendant sa voix ou le début de son prénom. 
Pour restituer une information, il faut bien évidemment l’avoir assimilée mais également être capable de la retrouver. On peut ainsi comparer notre mémoire à une bibliothèque. Si celle-ci n’est pas structurée, il nous sera très compliqué de retrouver un ouvrage précis. C’est pour cela que nous avons besoin de structurer les informations pour mieux les retrouver par la suite. 
Astuce : Lors de l’apprentissage d’une nouvelle information, attachez-vous à : 

Cet article n’est qu’un très bref aperçu de ce que nous apporte les Neurosciences.  Si celui-ci vous a plu et que vous voulez en savoir plus sur notre cerveau et les modes d’apprentissages, je vous conseille le livre Neuro Learning, principale source de cet article, qui vous permettra d’approfondir les concepts cités dans cet article, et de vous plonger dans les travaux de Barbara Oakley en commençant par la vidéo de son TEDx Learning how to learn qui je l’espère vous permettra de mieux apprendre à apprendre.



Sources :

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